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Reader,

Après une (grosse) semaine de déconnexion, je reprends le clavier. Quel contraste avec les sauts de 6 mètres dans l'eau limpide et les descentes en rappel le long des cascades d'un canyon préservé !

Mais existe-t-il une telle différence entre l'inconfort mêlé d'émerveillement d'une sortie de canyoning et la production d'un livre ? Dans les deux cas, il faut aller à l'encontre de son instinct pour avancer.

Je n'ai pas écrit mais j'ai dessiné.

C'est un peu rouillé, le retour. Retrouver le chemin des mots demande des efforts. Mon cerveau soupire : "la flemme", tel un ado au pic de sa forme.

Je persiste. Je perds beaucoup de temps en procrastination, mais je ne lâche pas la piste. Comme en impro, je m'accroche. Il faut y aller. Écrire. Dégripper les mécanismes de la pensée et du language.

Si j'insiste autant pour que vous ayez une pratique quotidienne, ce n'est pas pour une autre raison que celle-ci. S'arrêter, c'est s'obliger à reprendre. Et reprendre, ça peut être difficile.

Qu'est-ce qui fait l'histoire que vous voulez écrire ?

Une sensation. Une émotion. Un univers. Des personnages. Une intrigue. En un mot : une envie.

Quand nous perdons le fil -- parce que nous avons pris des vacances ou parce que la vie a pris le dessus en imposant son rythme -- c'est par là qu'on le retrouve : où était l'envie ? Comment le projet vibre-t-il en moi ? Qu'est-ce qui m'amuse dans cette histoire ? Qu'est-ce qui m'anime ?

Pour cela, j'ai un document intitulé "Recommencer" sur mon disque dur. Chaque jour, je l'ouvre et j'y écris où j'en suis. Ce n'est pas le contenu qui m'intéresse, c'est la sensation. Elle me sert de boussole. Je peux raconter ma journée, je peux parler de mes préoccupations, ce que je cherche dans "Recommencer", c'est à ressentir avec justesse la tonalité du projet.

C'est à l'intérieur que cela se passe. On vous parle souvent d'intrigue, de structure, de choses externes. On vous parle de la logique du texte et de sa forme. Mais sans fil conducteur intérieur, sans la vibration de l'imaginaire et des sensations, il n'y a pas de justesse possible dans un projet.

C'est cette vibration, à défaut d'un meilleur terme, que l'on perd quand on s'éloigne du projet. Écrire tous les jours permet de la garder à portée de main.

Peut-être que vous partez bientôt en vacances. Peut-être que votre famille vous rend visite. Peut-être que vous travaillez pendant que les autres s'évadent. Peut-être que vous voudrez profiter du soleil ou vous en protéger. Je sais que l'été est une période qui peut s'avérer compliquée pour l'écriture (honnêtement, à force d'accompagner les auteurs, j'ai l'impression que toutes les périodes sont compliquées pour l'écriture).
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Même si vous n'avez pas le temps ou la disponibilité mentale (on en reparlera) de vous consacrer à votre projet, essayez de garder une petite pratique quotidienne. Voyez-le comme les gammes d'un pianiste ou les croquis d'un artiste visuel : une pratique d'entretien.

Vous pouvez rédiger le portrait d'un personnage.

Ou raconter les grandes lignes d'un décor.

Vous pouvez inventer un synopsis très court.

Ou simplement jeter quelques observations sur votre journée.

Dans tous les cas, concentrez-vous moins sur le résultat (les mots sur la page) et davantage sur votre état (les sensations en vous).

Observez le moment où vous sentez que vous glissez. L'imaginaire prend le dessus. Vous commencez à ressentir des choses qui ne sont pas là (des sensations physiques ou émotionnelles directement liées au monde de votre histoire). Vous sentez que vous basculez de l'autre côté du miroir.

C'est cette sensation que nous cherchons.

Observez les nuances qu'elle présente.

Jouez à la rencontrer plus tôt. À la retarder. À la laisser filer. À vous y accrocher.

Entraînez-vous à la faire durer. Vous verrez, ça demande de la concentration et l'habitude se perd facilement.

Vous en apprendrez bien plus sur votre écriture avec cet exercice qu'en lisant un manuel de construction dramatique.

De mon côté, j'ai écrit cet article sur les déceptions qui émaillent nos parcours d'auteur. Petit à petit, tout au long du deuxième semestre de 2024, je vais abandonner ecrire.tv au profit d'unepagealafois.fr ; c'est de la cuisine interne qui ne changera pas grand chose pour vous.

Pour que la transition s'opère en toute fluidité au niveau des moteurs de recherche et du référencement, je vous enverrai des articles de fond publiés sur le nouveau site.

Si vous prenez le temps de les lire, les commenter, passer un peu de temps sur le site, cliquer sur les liens s'il y en a, cela enverra un signal positif aux machines qui régissent l'internet.

Je ferai de mon mieux pour que les articles soient intéressants. Si vous aimez la newsletter, ils devraient vous plaire.

Sur ce, je vous laisse à l'exploration de vos sensations.

Au plaisir de vous lire,

Anaël Verdier

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Si vous voulez travailler avec moi, plusieurs options :

1. Découvrez l'intégralité des formations Une Page à la Fois sur cette page. Les accompagnements en direct ne s'y trouvent pas.
2. Si vous êtes sensible aux décors, apprenez comment ils peuvent vous ouvrir les portes de votre intrigue et de vos personnages. En vous concentrant sur les détails d'un lieu, vous pouvez donner vie à toute une histoire.
3. ​Le mastermind​ s'adresse aux auteurs qui veulent apprendre, par la pratique, avec les contraintes de leur vie, sans faux-semblants ni fantasmes des conditions idéales de l'écriture. Une page à la fois, vous apprendrez à reconnaître les étapes de votre processus créatif, et vous les apprivoiserez.
4. Si vous préférez entrer dans l'histoire par les personnages, apprenez comment leurs paradoxes, plus que n'importe quel élément de caractérisation visible, leur permettra de laisser une trace indélébile dans l'imaginaire de vos lecteurs.

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Et toujours mon podcast et ma chaîne Youtube pour explorer votre relation à votre écriture.

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